Ex Professo
Volume 9, Numéro 1, Pages 94-101
2024-04-10

Traduire Les Mythes

Auteurs : Mazzella Francesca .

Résumé

L'article, présenté au webinaire international "Mythes et discours, entre l'inter et le trans", propose une nouvelle perspective dans le cadre des études sur la traduction, notamment celle qui concerne le mythe. L’omniprésence du mythe dans la production culturelle occidentale nous témoigne de l’effort constant, dès l’antiquité, de trans-mettre l’imaginaire mythique grecque à des cultures éloignées, géographiquement et chronologiquement, de la Grèce (pré)classique. Dans le sillage des études steineriennes d’Après Babel (1975) et de Les Antigones (1984), on peut affirmer que le moyen qui a permis la survivance du mythe est bien la traduction: si aujourd’hui on fait encore la rencontre du mythe, notamment du mythe grec, c’est parce que quelqu’un, quelque part, quelque temps, a décidé de le trans-férer, voire traduire, dans son époque et dans sa culture. L’ouverture de la traductologie aux concepts de traduction culturelle et de transfert culturel nous impose d’élargir la signification du mot « traduction » et de la reconduire à l’ancienne pratique qui lui était associée et qui était étymologiquement liée au latin trans-ferre [Bettini : 2012]. À partir du moment où on accepte de considérer les adaptations comme des formes particulières de traduction [Hutcheon : 2006] et où on considère la pratique strictement linguistique comme l’une des possibilités de l’art de s’approcher à l’autre, il se rend nécessaire de repenser certains critères, surtout si on veut approfondir la relation entre le mythe et la traduction. Faisant appel à la notion de polyphonie [Bakhtin : 1963], on soutient la possibilité d’enrichir le classement traditionnel fourni par Jacobson en proposant de nouveaux paramètres à travers lesquels approcher le retour éternel du mythe à travers le procès de traduction.

Mots clés

mythe ; traduction ; adaptation ; polyphonie ; traduction polyphonique ; transfert