Insaniyat
Volume 6, Numéro 2, Pages 17-35
2002-08-31
Auteurs : Dourari Abderrazak .
Le concept “pratiques langagières” est galvaudé dans la société algérienne saturée d’idéologie au point où elle ne réalise plus l’importance de la description scientifique froide. La question linguistique, dans une société plurilingue non reconnue comme telle par l’Etat, est fatalement happée par l’idéologie, pour masquer des intérêts idéels et matériels, des positions de pouvoir. Au refus borné de reconnaître tamazight, certains défenseurs de la question amazighe réagissent en lui opposant le rejet de la langue arabe scolaire. Ils confondent ainsi politique linguistique rétrograde (l’arabisation) d’un pouvoir d’Etat à l’ornière serrée et agissant sous l’effet de la haine de soi, et la langue arabe elle-même qui a été le véhicule d’une civilisation brillante et de la pensée rationnelle qu’elle a transmise à l’Occident en passant d’Averroès à Saint Thomas d’Acquin. Nier la réalité demeure donc la chose la mieux partagée par ces acteurs. Les textes de graffitis que nous présentons expriment quant à eux la réalité des pratiques langagières plurielles des locuteurs tamightophones: le français côtoie l’arabe algérien, qui côtoie le kabyle et l’arabe scolaire. Les graphies arabe et latine sont convoquées spontanément pour dessiner ces graffitis - forme de l’expression de contenus discursifs d’une grande portée politique et sociale – qui ont égayé les murs de certaines villes de Tizi-Ouzou et Bejaia. C’était sous le cri de ralliement « ‘ayaw âh ! » (=Venez donc ! ou Allons y !) et le mot d’ordre contre la « hogra », expressions spécifiquement algériennes, que les attaques étaient menées contre les gendarmeries tenues pour responsables de la mort de 118 jeunes manifestants. C’est par conséquent dans un contexte sérieux que ces expressions ont été recueillies. Nous avons noté, en égard à ce contexte, que l’usage non critique des concepts nés dans des conditions historiques et sociales particulières pourrait mener à des déformations graves de la réalité. Faut-il alors appeler à une épistémologie des théories sociolinguistiques ? A la constitution d’une sociolinguistique algérienne qui ne se confondrait pas avec celle catalane dont l’histoire de la société qui lui a donné naissance se distingue de celle de la société algérienne ?
pratiques langagière ; tamazight ; idéologie; arabisation ; graffitis ; sociolinguistique.
Harkou Lilia
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pages 338-354.
Omeiche Khoula
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Dekoumi Djamel
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pages 611-620.
Haddj El Mrabet Hadjira
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Sehli Yamina
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pages 380-390.
Arab Karim
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pages 1086-1092.
Redouane Ainad Tabet
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pages 93-111.