Insaniyat
Volume 8, Numéro 2, Pages 233-247
2004-06-30

L’hispanisme Dans Le Parler Oranais : Incidence Lexicale Ou Legs Culturel

Auteurs : Moussaoui Meriem .

Résumé

Il est vrai que l’étude d’une société à travers le langage ne présente aucune originalité, vu 1e nombre des travaux effectués jusque-là, mais l’aspect que nous proposons dans cette recherche, c’est d’abord l’étude de l’hispanisme à un double niveau : a) comme « moment linguistique », en essayant de résoudre, de la manière la plus précise possible, le contexte social et psychologique dans lequel s’est produit le passage d’un mot d’une langue à une autre ; b) comme espace culturel partagé par deux communautés différentes obligées de cohabiter à un moment donné de l’histoire. Nous examinerons, en dernier lieu, la perception des éléments d’emprunt par la culture emprunteuse, leur assimilation et leur rejet, leurs effets innovateurs ou autres dans leur nouveau contexte. L’intégration linguistique des emprunts ne comprend que quelques aspects de leur assimilation à une langue ; les processus sociologiques de diffusion et d’acceptation en représentent d’autres. L’emprunt n’est pas un indice d’appauvrissement ou de dépersonnalisation, comme certains s’accordent à le considérer. Il reste un élément culturel déterminant quant à la définition d’une communauté. Son adoption (technique, généralement) ou son rejet (souvent culturel) ne sont pas sans effets dans la société réceptrice : s’ils ne la changent pas totalement, ils contribuent au moins à son réajustement aux nouvelles données. Les enquêtes (en cours) menées in situ ont démontré que l’emprunt correspond à un besoin préalable de la société emprunteuse, et la capacité de l’élément emprunté de satisfaire ce besoin, comme il peut être, dans certains cas, générateur de ce besoin. Ce sont les individus qui empruntent, et l’emprunt n’acquiert une signification que si l’ensemble de la société l’adopte. Or, cela dépend des situations de contact (pacifique ou violent). Ce n’est ni la distance ni la proximité ni le nombre des éléments empruntés qui déterminent la nature mais le type de rapports sociaux Résidus de mémoire, nous dira-t-on : cela ne semble pas s’appliquer au cas étudié. Au contraire, nous remarquons, non pas une permanence puisqu’il n’a jamais été question de disparition, mais une réactivation dans certains domaines. L’exemple le plus frappant est celui du mot trabendo (hispanisme signifiant, qui a fini par s’imposer jusque dans les discours les plus officiels). L’intérêt serait de l’étudier en tant que notion, c’est-à-dire le mot en parallèle avec l’activité, voir les relations avec le pays emprunteur, voir qui l’utilise. Est-ce le seul terme espagnol employé ou est-ce que le champ lexical renferme d’autres hispanismes ? Quand l’utilise-t-on ? Comment ? Bref, enquêter le terrain sociologique avec les préoccupations d’un linguiste. Le même procédé serait valable pour d’autres secteurs (la marine, par exemple : le cas des pêcheurs de Béni-Saf qui utilisent l’emprunt par devers eux-mêmes).

Mots clés

Oran ; hispanisme ; langage ; linguistique ; emprunt