Passerelle
Volume 3, Numéro 1, Pages 84-94
2009-12-31
Auteurs : Capdevielle-hounieu Valérie .
Marie-Claire Ropars-Wuilleumier, dans son essai Ecrire l’espace, nous rappelle que, « construit par un architecte et programmé pour dérober la voie centrale, le labyrinthe représente la figure par excellence d’un espace soumis au temps : le centre, s’il existe, ne peut être atteint qu’à travers le détour et l’arrivée au lieu du monstre suppose la longue épreuve des fausses pistes et le risque d’une errance circulaire »64. L’oeuvre labyrinthique de Jorge Semprún – écrivain espagnol exilé en France après la guerre civile de 1936, et dont la production littéraire est essentiellement en français – mène ainsi inlassablement à la chambre obscure d’un Moi complexe, hybride, toujours caché à soi-même malgré l’obsession de dévoilement dont il fait l’objet. Le Moi bifide, mi-espagnol, mi-français, peut-être apatride en fait, est le monstre du labyrinthe mémoriel. Et le travail de réminiscence, par le biais de l’écriture en particulier, est une errance au coeur du langage propre à l’auteur, singulier, né de l’imprégnation du français adopté par les réminiscences de l’espagnol originel.
Archéographie du Moi : l’écriture, fil d’Ariane de la mémoire labyrinthique de Jorge Semprún
Mahiou Asma
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pages 1935-1953.